Catégories
Chanson Musique

The Magnetic Fields – “I Don’t Believe You” : mini mini mini

Pas de top pour terminer l’année (mais allez voir chez Le Gospel, on y a recommandé plein de choses), juste un tout petit texte à propos d’une chanson un peu fragile et isolée dans une compilation de raretés datant d’il y a 10 ans.

“I Don’t Believe You” est parue sur l’album i des Magnetic Fields, un album plus ou moins concept comme à l’habitude de Stephin Merritt où chaque titre de chanson débute par la lettre “i”, mais je préfère définitivement cette version incluse dans la compilation Obscurities. La prise conservée pour l’album va de l’avant avec une instrumentation semi-acoustique presque enjouée, une sensation absente de ce qui apparaît dans la version obscure. Au contraire cette dernière claudique et n’a pas l’air sûre d’elle du tout, avec ses pépiements électroniques qui viennent parasiter la chanson et y injecter une instabilité en miroir aux hésitations du narrateur qui ne sait sur quel pied danser avec son amant·e. Alors que la conquête du rock par les synthétiseurs allait de paire avec la recherche d’une certaine perfection formelle malgré la difficile maîtrise des instruments (on pense évidemment à Kraftwerk), je me demande à quel moment est apparue cette esthétique d’une musique synthétique exhibant sa fragilité et son incertitude.

Derrière cette fébrilité il y a ce classicisme pop qui traverse toute l’oeuvre de Stephin Merritt, sous l’alias The Magnetic Fields ou autres (Buffalo Rome, The 6ths… Obscurities est là pour déterrer tout ça). Une fois passée la démesure d’un projet comme le merveilleux 69 Love Songs et les concepts en tant que contrainte créative (raviver The Jesus and Mary Chain le temps de Distortion, réaliser l’extrême inverse sur Realism), reste l’orfèvrerie résultant d’années de travail. The Magnetic Fields c’est cette musique qui comprend et nourrit ma mélancolie. Là où la dimension méta de certaines œuvres finit par obstruer la possibilité d’une émotion, ici cette dernière jaillit comme au premier jour. Et puis il y a cette voix, ce baryton à pleurer (est-ce bien un baryton ? Ceci est un appel à l’aide lancé aux élèves de Conservatoire).